Une longue soirée aux urgences… La rencontre d’un monde particulier, des morceaux de vie, des histoires de quelques secondes…
Première constatation, et après on n’en parle plus : quel temps on passe à attendre ! Mais en même temps, c’est pendant ces moments d’attente, moments arrétés où on ne peut de toute façon rien faire d’autre, que se révèlent toutes ces histoires.
Tout au long de la soirée, des policiers passent, amenant un monsieur âgé dont le langage est tellement incohérent que je ne saurai toujours pas à la fin s’il parlait français ou une autre langue… Un habitué, apparemment, qui manifeste bruyamment son désaccord.
A l’opposé, un très beau black arrive menotté, très digne, très calme. Lui aussi, semble t’il, est un habitué des lieux, tous les quelques mois sa femme et lui en viennent aux mains et ça se termine aux urgences.
Les policiers claquent la bise aux médecins et aux infirmières, ils sont chez eux ici. Un interne réalise que c’est le soir de la St Patrick et qu’ils ne vont pas chômer cette nuit…
Dans le box, à côté de nous, un jeune garçon vêtu de blanc joue avec une prise orange qui semble sortir de ses vêtements. Un droïde en panne de batterie ? Non, un escrimeur lillois, venu disputer une compet ici et qui s’est foulé une cheville. Il est triste, car il va rater les championnats de France.
L’interne lui prescrit des béquilles et une attelle… Mais pour avoir l’adresse de la pharmacie de garde, il faut commencer par aller au commissariat, et de toute façon, un samedi à 23 h, quelle pharmacie -même de garde – propose des béquilles ? Et comment reprendre son train demain sans béquilles ? A cloche pied ?
Dans le box d’en face, ça parle, ça parle… C’est une poétesse qui raconte sa vie à qui veut l’écouter, sa malheureuse voisine de box en l’occurrence, qui tente à plusieurs reprises de s’enfuir… Pourquoi est-elle là ? En principe pour une foulure, mais après avoir refusé tous les traitements que lui propose l’interne, elle repartira sur ses deux pieds, non sans avoir auparavant tenu à lui réciter une partie de ses oeuvres… Grand moment comique, l’interne se tortillant en essayant de trouver une bonne excuse pour s’échapper tandis que la poétesse aligne les rimes riches…
Nos voisins de box changent, c’est maintenant un jeune homme qui s’est cassé l’index en moto. Suivra un vieux monsieur d’origine nord africaine qui a mal aux dents…
Et finalement, quand je n’y croyais quasiment plus, vient le moment de quitter les urgences…
Ce n’est que le lendemain, en y repensant et en parlant, que j’ai pris conscience de tout ce que j’avais observé et enregistré à mon insu et que j’ai eu envie de vous le raconter.
Petit clin d’oeil…
2 réflexions sur « Urgences »
Comme je me retrouve !
Première expérience, mon papa aux urgences à la sortie de l’école un samedi matin … de grosse chaleur et ma maman en prime de l’autre côte du couloir, inquiète, assoiffée, seule, sans nouvelles. Des étudiants avec une copine les métatarses cassé d’avoir fait le mur pour pouvoir aller passer ses examens : le pensionnat n’avait pas ouvert dans les temps. Un mec avec un sachet de petits pois surgelés pour calmer ses douleurs et de l’autre côté dans le couloir, des malades mais personne pour s’en occuper : il est midi !!! Mon père sur un brancard depuis plus d’une heure avec une délicieuse envie de filer aux toilettes, oui mais comment ? et puis une attente de trois heures sans eau, sans manger en pleine chaleur …
Aux heures plus fraiches, moi, en mars, une cheville foulée depuis la veille à Névache, en passe de partir en classe verte avec Claudine, un dimanche : trois heures d’attente, c’est un minimum, normal, c’est les urgences. Je me retrouve avec un papa qui tourne de l’oeil dans les bras de voir sa fille avec une belle blessure aux doigts. J’ai cru qu’il était en train de mourir dans mes bras et là mon pied n’avait soudain plus mal. Quand ils m’ont demandé combien de temps ils m’arrêtaient, j’ai répondu demain je pars à Sanary, aucun jour !
La dernière fut Marine et son appendicite mais là c’est trop long, ça a fini en pédiatrie et ouf tout a été heureusement rapide !
On a parfois l’impression de changer d’univers, sans aller très loin. Et c’est vrai que les urgences, c’est souvent de longues heures à laisser son imagination divaguer quand on croise le regard des êtres qui passent par là, pour tromper son angoisse et son ennui pendant l’attente.
A moins bien sûr d’être le pauvre patient qui se tord de douleur sur son brancart, ou d’être aux urgences de Cook county, nième saison.
Comme je me retrouve !
Première expérience, mon papa aux urgences à la sortie de l’école un samedi matin … de grosse chaleur et ma maman en prime de l’autre côte du couloir, inquiète, assoiffée, seule, sans
nouvelles. Des étudiants avec une copine les métatarses cassé d’avoir fait le mur pour pouvoir aller passer ses examens : le pensionnat n’avait pas ouvert dans les temps. Un mec avec un sachet de
petits pois surgelés pour calmer ses douleurs et de l’autre côté dans le couloir, des malades mais personne pour s’en occuper : il est midi !!! Mon père sur un brancard depuis plus d’une heure
avec une délicieuse envie de filer aux toilettes, oui mais comment ? et puis une attente de trois heures sans eau, sans manger en pleine chaleur …
Aux heures plus fraiches, moi, en mars, une cheville foulée depuis la veille à Névache, en passe de partir en classe verte avec Claudine, un dimanche : trois heures d’attente, c’est un minimum,
normal, c’est les urgences. Je me retrouve avec un papa qui tourne de l’oeil dans les bras de voir sa fille avec une belle blessure aux doigts. J’ai cru qu’il était en train de mourir dans mes
bras et là mon pied n’avait soudain plus mal. Quand ils m’ont demandé combien de temps ils m’arrêtaient, j’ai répondu demain je pars à Sanary, aucun jour !
La dernière fut Marine et son appendicite mais là c’est trop long, ça a fini en pédiatrie et ouf tout a été heureusement rapide !
On a parfois l’impression de changer d’univers, sans aller très loin. Et c’est vrai que les urgences, c’est souvent de longues heures à laisser son imagination divaguer quand on croise le regard
des êtres qui passent par là, pour tromper son angoisse et son ennui pendant l’attente.
A moins bien sûr d’être le pauvre patient qui se tord de douleur sur son brancart, ou d’être aux urgences de Cook county, nième saison.