Lire ou relire Matin Brun

matin-brunJ’avais écrit cet article en mai 2007. Je ne pensais pas qu’il serait à nouveau d’une brûlante actualité 8 ans plus tard. Je le publie donc à nouveau…

Par les temps qui courent, je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger (ou replonger) dans une nouvelle de Franck Pavloff, “Matin Brun”.

Et pour vous convaincre, en voici le début…
MATIN BRUN

Les jambes allongées au soleil, on ne parlait pas vraiment avec Charlie, on échangeait des pensées qui nous couraient dans la tête, sans bien faire attention à ce que l’autre racontait de son côté. Des moments agréables, où on laissait filer le temps en sirotant un café.
Lorsqu’il m’a dit qu’il avait dû faire piquer son chien, ça m’a surpris, mais sans plus. C’est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l’idée qu’un jour ou l’autre il va mourir.
– Tu comprends, je pouvais pas le faire passer pour un brun.
– Ben, un labrador, c’est pas trop sa couleur, mais il avait quoi comme maladie ?
– C’est  pas la question, c’était pas un chien brun, c’est tout.
– Mince alors, comme pour les chats, maintenant ?
– Oui, pareil.
Pour les chats, j’étais au courant. Le mois dernier, j’avais dû me débarasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, tâché de noir.
C’est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d’après ce que les scientifiques de l’Etat National disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu’ils s’adaptaient mieux à notre vie citadine, qu’ils avaient des portées peu nombreuses et qu’ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat c’est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d’une façon ou d’une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n’étaient pas bruns.
Les milices de la ville distribuaient gratuitement des boulettes d’arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédaient les matous en moins de deux.
Mon coeur s’est serré, puis on oublie vite.

Les chiens, ça m’avait surpris un peu plus, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que  c’est plus gros, ou que c’est le compagnon de l’homme, comme on dit.
En tout cas, Charlie venait d’en parler aussi naturellement que je l’avais fait pour mon chat, et il avait sans doute raison. Trop de sensiblerie ne mène pas à grand chose, et pour les chiens, c’est sans doute vrai que les bruns sont plus résistants.
On n’avait plus grand chose à se dire, on s’était quittés mais avec une drôle d’impression. Comme si on ne s’était pas tout dit. Pas trop à l”aise.

Bon, je ne vais pas  tout recopier, ça fait 11 pages et ça vaut 1 € dans toutes les bonnes librairies. Comme c’est tout petit, des fois on ne le voit pas (sauf dans les librairies militantes), alors n’hésitez pas à demander.

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