Ecrire…

poisson-scorpion.jpgNicolas Bouvier : je sais bien que je ne suis pas seule à aimer d’amour tout ce qu’il a écrit, mais si par hasard certains d’entre vous ne le connaissaient pas, ce serait dommage de ne pas leur donner l’occasion de le découvrir…

Voici donc, dénichées dans le poisson scorpion quelques lignes où il raconte la façon dont l’inspiration et les mots lui viennent. Je n’ai pas son talent, mais je reconnais tant de choses dans son texte que je ne résiste pas au plaisir de vous le citer.


Et si vous pensez que j’interromps ainsi mon cycle sri-lankais, détrompez-vous… Dans le Poisson Scorpion, Nicolas Bouvier fait le récit de son séjour à Ceylan (plus précisémement à Galle) au début des années 50. Et bien sûr, ce livre m’a accompagné dans mon voyage.

” … dormi deux heures, relu, corrigé, puis balade nocturne à l’heure où la ville est silencieuse et belle dans son étourdissante odeur de jasmin avec, dans ma chemise, un plan du texte de la taille d’une affiche. Etapes en escalier dans les gargotes encore ouvertes supprimant, reliant, affinant à perdre haleine avec le sentiment d’être un assassin qui affûte un couteau. Trouvant un raccourci accroupi sur le seau des toilettes, un adjectif dans le miroir à barbe, ici et là – en arpentant ma chambre – un mot comme un oeuf frais pondu dans la paille, un sous-titre tandis qu’un vere m’échappe et se brise, un éclairage à cause de la dégringolade de harpe bouddhique dans les hauts-parleurs de la rue. La journée entrant dans le texte comme dans un laminoir. Ici et là une heure d’anglais pour changer les idées qui n’en voulaient rien, chaque mot me renvoyant à un visage, une odeur, un écho…”