Pays de pierre, en effet… La pierre est partout : dans la nature, sous forme d’orgues basaltiques, de cheminées de fées, de falaises, de gorges vertigineuses, sculptée en khatchkhars (croix de pierre) d’une finesse hallucinante, dressée en menhirs à l’observatoire de Karahounge, taillée pour construire les innombrables églises et monastères aux quatre coins du pays.Pays volcanique, pays d’altitude : le point le plus bas du pays est à 1000 m, et le sommet de la chaîne de l’Aragatz culmine à plus de 4000 m. Le mont Ararat, qui même s’il a été “volé” à l’Arménie en reste le symbole le plus fort et le plus représenté domine la plaine d’Erevan de ses 5165 m.
La pierre est aussi sous nos pieds : l’obsidienne y est si commune qu’elle sert à faire le ciment, on en ramasse des morceaux partout. Les constructions sont faites de basalte gris ou de tuf rose. Erevan était surnommée la ville rose, car construite entièrement en tuf aux multiples nuances de rose.
Dans le petit monastère de Gndevank, qui semble s’être endormi en nous attendant il y a quelques siècles, une bande dessinée de pierre. Nous en verrons beaucoup d’autres, en particulier à Noradouz. Ces pierres tombales racontent les circonstances de la mort du défunt…

Toujours à Gndevank, un bélier de pierre fait le guet.

Dans toute l’Arménie un bestiaire pétrifié nous attend. Ici, une chimère au caravansérail de Sélim.

Ce caravansérail qui date de 1332 a été construit par un prince Orbelian pour abriter les voyageurs : son fils avait en effet trouvé la mort dans une tempête de neige à cet endroit. D’extérieur, un long bâtiment bas, sans ouvertures. Dedans, 3 travées, une de chaque côté destinée aux animaux, et une travée centrale pour les voyageurs. Un puits de lumière au milieu du bâtiment, mais il faut du temps pour s’habituer à l’obscurité. Ce caravansérail est dans un état de conservation exceptionnel, bien que semblant à l’abandon. A côté, des arméniens font cuire des grillades, nous invitent à les partager, et posent avec nous pour la photo !

A Noravank, cette pierre tombale exceptionnelle représente un lion de taille humaine. La sculpture est d’une finesse incroyable, mais rien ne nous empêche de marcher dessus…
A Noravank, toujours, cette rarissime représentation d’un Dieu le Père débonnaire et joufflu. Je crois que c’est une des seules représentation de Dieu en Arménie : en principe on n’y trouve que des sculptures de la vierge à l’enfant, ou les fameux khatchkhars.


La pierre est partout, mais les fleurs aussi, qui poussent carrément dans le basalte…

Ici, dans le val des orgues à Gndevank. il y avait beaucoup de brouillard…

De faux airs de “Monument Valley” autour de Sissian.

Des formes étranges, comme des tours de garde…

Et partout, partout, des orgues basaltiques. ici à Djermouk.

Oeuvre humaine cette fois, la forteresse de Smataberde domine fièrement deux vallées avec son allure de grande muraille.

Dans le monastère en partie troglodyte de Gheghard, cette salle à l’acoustique fabuleuse a été entièrement excavée dans le rocher à partir de ce puits de lumière. Nous avons eu le privilège d’y entendre un concert de musique sacrée et populaire…

L’observatoire de Karahunge (ou Zorats Karer) est plus ancien de 2000 ans que Stonehenge. Les spécialistes pensent qu’il servait aussi à des observations astronomiques. Des trous ronds et réguliers ont été taillés dans le haut des menhirs.

Près du lac Sevan, des milliers de khatchkhars vieux de plusieurs siècles jusqu’à nos jours nous attendent dans le cimetière de Noradouz. En Arménie, les croix ne sont pas découpées en forme de croix, mais sculptées sur des pierres plates. Vestige vivace du culte du soleil zoroastrien, y figurent aussi toujours le disque solaire et l’arbre de vie.
Il y a des khatchkhars partout : on marche dessus, ils sont taillés à même le rocher, sculptés en ex-voto dans les murs des églises, réutilisés pour consolider un mur… De tuf ou de basalte, les plus fins sont de véritables dentelles de pierre. Le plus célèbre sculpteur et architecte, Momik, qui vécut au XIII° siècle est enterré à Noravank et a sculpté lui même sa pierre tombale. Alors qu’on lui doit certaines des plus exceptionnelles dentelles de basalte (aujourd’hui dans les musées), son khatchkhar-pierre tombale est très simple, très modeste. Il est toujours adossé à l’une des églises de Noravank, et l’on pourait marcher dessus sans s’en apercevoir…

A côté du fort d’Amberd, quelques morceaux de khatchkhars dressés en un autel bucolique.

Il faut parler aussi du “lavash”, cette sorte de galette très fine qui remplace le pain et qui est toujours fabriquée de façon artisanale et selon une méthode qui remonte à la nuit des temps. La pâte est mise à lever toute la nuit. Le lendemain, elle est roulée et étirée en une sorte de crèpe très fine, plus ou moins ovale, de 60 X 25 cm. A l’aide d’une sorte de coussin de la même forme, cette galette est collée sur les parois d’un four cylindrique, creusé dans le sol, et chauffé par en dessous. En quelques secondes, la pâte cuit, dore, grille un peu. Elle est ensuite découpée en bandes de 20 cm de large et servie à table. Fraîche, c’est un délice. Laissée à l’air, elle sèche et devient dure et un peu caoutchouteuse. Dès qu’on la garnit de légumes ou de salades, elle redevient moelleuse.




















n non, ceci n’est pas une nouvelle chronique potagère… Je tombe sur un article passionant du magazine Lire consacré à Boris Vian, et cette phrase figure dans une lettre de Boris Vian à un ami. La phrase exacte est : “Téléphonouillez moi si le coeur vous endive”.
-Le livre s’appelle “


ravira les dubitatifs de l’art moderne : “Prends un Kandinsky. Ce n’est que confusion. Mets-lui un cadre, et voilà, il donne une touche d’originalité au dessus de la cheminée.”

les graphs d’artistes de rue lors d’une visite de Ménilmontant, il y a quelques années. Parce que la personne qui me les a fait découvrir les aimait et les faisait aimer, ce que j’aurais pu considérer comme un graffiti de plus, m’est soudain apparu comme un art éphémère et fragile, et d’autant plus précieux.








