Chroniques arméniennes : et les arméniens dans tout ça ?

Eh oui… Si je voyage, c’est pour voir des paysages magnifiques, mais aussi pour rencontrer les gens qui habitent ces paysages.

Et même si je ne suis pas très liante (heureusement je voyage généralement avec un grand communiquant devant l’éternel) ce qui fera la différence entre un voyage merveilleux et un voyage très bof, ce n’est pas tant les paysages que les gens que nous aurons croisés. J’avais lu que l’accueil en Arménie est exceptionnel. C’est vrai, mais je dirais quand même un poil moins qu’en Thaïlande ou à Cuba. C’est aussi moins vrai en ville que dans les villages. Et en plus, cette fois ci, nous voyagions en groupe, ce qui ne facilite pas les contacts. Dans les coins touristiques (Noradouz, Erevan) pas mal de gamins ou de vieilles dames nous proposaient de façon insistante des dessins ou des chaussettes tricotées main. Ce n’est pas le Maroc, loin de là, mais ça m’agace.

Il faut faire la part des choses : c’est vrai que notre niveau de vie est à des années lumière du leur, et qu’on peut les comprendre, mais j’ai tellement détesté cette oppression continuelle au Maroc que je réagis violemment à ce genre de sollicitation.

Mais ce n’était qu’à certains endroits et de surcroît notre guide, la merveilleuse Arminée, était tellement géniale que nous avons eu l’impression d’être accueillis par le pays tout entier.

Je n’arrive pas à prendre de photos de personnes à l’étranger, j’ai toujours l’impression d’être au zoo si je prends des êtres humains en photo. Ce qui fait que je n’en ai aucune à vous montrer pour l’Arménie. Par contre, voici un lien sur un album de photos magnifiques, prises par une compagne de voyages, Babeth.

A propos des arméniens, une blague racontée par la guide qui nous a fait visiter le musée d’Erebouni :

Au moment de la distribution des nez, Dieu a appelé toutes les nations les unes après les autres et leur a demandé ce qu’ils désiraient.
Les italiens ont demandé un petit nez pour pouvoir faire des bisous.
Les allemands ont demandé un nez retroussé pour boire dans leurs choppes à bière.
et ainsi de suite jusqu’aux arméniens.
Les arméniens ont demandé : “Combien ça coûte ?” et Dieu à répondu que c’était gratuit. ” Bon, et bien alors, donnez nous le maximum ! “

Cette histoire que je n’aurais pas retranscrite si elle ne m’avait pas été racontée par une arménienne rend bien compte de l’humour des arméniens, et du regard qu’ils portent sur eux mêmes. Une autre réflexion symptomatique d’Arminée, à propos de la fabrication des noix confites : ” Il n’y a que des arméniens qui soient assez fous pour faire quelque chose d’aussi long et pénible”.
En même temps, on sent une grande fierté d’être arméniens, et dans certains domaines, d’avoir su tirer les leçons du passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs.L’essentiel de ce que j’ai cru comprendre des arméniens vient d’Arminée. En effet, la communication avec mes rudiments de russe se limitait à peu de chose : une envie de savoir d’où nous venions, le fait que chaque arménien a un cousin qui vit en France, et que forcément ça crée des liens, beaucoup de gentillesse et d’intérêt pour les autres.

Encore une histoire qui nous est arrivée : la distillerie de tord-boyaux à base de fruits semble être une activité nationale, et nous avons rapidement découvert l’eau de vie de mûres (de mûrier, la “touth” par opposition à la mûre du roncier, la “moch”).
En ayant acheté quelques litres au coin d’un bois et les ayant rapidement éclusés, nous nous sommes mis à la recherche de nouvelles provisions. Or dans les magasins, de la vodka en abondance mais point d’eau de vie de touth. Nous avons fini par en demander (en petit nègre aidé de gribouillis) à l’épicier de Djermouk, qui nous a répondu (ah, le pouvoir du langage des signes) qu’il n’en avait pas, mais en aurait le lendemain.
Et le lendemain, non seulement il avait en effet une bouteille pleine pour nous (bouteille de récup, bien sûr), mais en plus il a vigoureusement refusé de nous la faire payer.

D’où l’intérêt de maîtriser au moins le “merci” en arménien, ce qui n’est pas de la tarte, puisque ça se prononce approximativement : chnorakaloutioune. Autant dire qu’il m’a fallu plusieurs jours pour y arriver…

Puisque je n’ai pas de photos à moi pour illustrer cet article, j’emprunte quelques photos à mes compagnons de voyage.

Ce très vieux monsieur, multi médaillé et complètement déphasé ramassait des sortes de bourgeons de pin à Djermouk. Il nous a fait comprendre par gestes qu’on pouvait les manger. C’est un peu âcre et résineux, avec une texture étrange mais pas mauvais. Il en ramassait des sacs plastiques pleins, sans nous prêter attention.  A part ses décorations, il était plus ou moins vétu de loques, et nous avons eu peur qu’il en soit réduit à ramasser ces bourgeons pour se nourrir. En fait Arminée nous a dit qu’ils servaient à la fabrication d’un alcool. (photo Aurélien)


Cette vieille dame vendait des bonnets tricotés main au cimetière de Noradouz. Des bonnets en vraie laine mais qui grattaient horriblement. Elles étaient plusieurs à proposer leurs ouvrages, et des enfants proposaient leurs dessins.
Les touristes étrangers comme nous n’étant pas légion en Arménie, je pense que leur négoce s’adresse avant tout aux touristes locaux. (photo Aurélien)

Ce joueur de Doudouk jouait dans le temple de Garni, et c’était absolument splendide. Le doudouk a une sonorité très grave et très poignante. Nous lui avons acheté un disque et un doudouk. Mais je suis tellement pas douée que contrairement à tous les autres, je n’ai jamais réussi à en tirer un son… Pour entendre le son du doudouk, une video youtube.  (photo Aurélien)

 

 

Un arménien n’entre pas dans une église sans mettre un cierge. Du coup l’intérieur des églises est souvent noirci de suie, et toute niche est recouverte de restes de cire fondue. (photo Aurélien)

 

Ce terrible chasseur d’ours est le guide qui nous a accompagné pour la randonnée (dans la boue) qui nous a conduite à Gochavank. Il ne parlait pas un mot ni de français ni d’anglais, je n’ai pas testé son russe. Il a fait toute la balade avec son sac plastique à la main, et ses bottes en caoutchouc prouvent que lui au moins était conscient des ruisseaux de boue que nous allions rencontrer et dans laquelle certains d’entre nous se sont enlisés… (photo Dominiqe P)


Ce couple était assis sur un banc devant sa maison dans un microspcopique village.  Philippe ne voulait pas prendre la photo en catimini, et il s’est souvenu d’une phrase d’Olivier Föllmi conseillant de parler aux personnes que l’on souhaite prendre en photo. Du coup il leur a demandé, et ils étaient super contents. Ils ont même joué le jeu à fond, et ont terminé avec la moitié du groupe sur les genoux ! Un bon souvenir et un plaisir partagé qui se voit sur la photo.


La seule photo faite par moi, à la demande des intéressés. A côté du caravansérail de Sélim, des arméniens en train de pique niquer avec barbecue, le dialogue s’établit, et s’ensuit une série de photos souvenir. Sur cette photo, de gauche à droite : Claudine, notre grande créatrice de liens, un arménien, notre Arminée, encore un arménien, Varoujan, d’origine arménienne, né en France et dont c’était le premier voyage en Arménie, sa femme, l’adorable Nory, d’origine mauricienne mais dont il m’a fallu plusieurs jours pour découvrir qu’elle n’était pas d’origine arménienne, et encore deux arméniens.
D’une manière générale on a croisé plein de pique nique, même sous la pluie, toujours avec barbecue, et on a quasiment toujours été invités à les partager. Près de la forteresse d’Amberd, c’est un berger semi-nomade qui voulait inviter tout le groupe à partager le thé.

Encore tant d’occasions de s’entraîner à prononcer Chnorakaloutioune !

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